samedi 7 décembre 2013

Walking Woman - Insurrection


Ceci est une réécriture pirate de The Walking Dead novel du point de vue de Michonne la femme au sabre, depuis la résurrection des morts jusqu'à l'insurrection. Tous les standards martiaux, virilistes, sexuels et familiaux seront explosés, jusqu'à la grand Paix Zombie...

Extrait :


“À Nogales, toutes les nouvelles lunes, des rescapés chargent une croix sur un mort-vivant et le crucifient sur une colline. À Gatesville (Texas), dans la poche de survie de la prison pour femmes de Mountain View, une détenue mort-vivante a accouché dans sa cellule d'un nourrisson Z, protégé et respecté par les prisonnières. À Greensville, sud de Montgomery, des autonomes du Z-Power ont pris d'assaut un camp de rescapés militaires à l'aide d'une horde zombie. 
Selon une information non-vérifiée, le président des États-Unis d'Amérique claque des dents dans le 6ème sous-sol de l'aile est de la Maison Blanche après avoir dévoré son épouse et sa petite fille. À New York, sur le socle de la statue de la liberté, est peint un gigantesque mural rouge représentant “Z-upermane”, idole de la  nouvelle génération. En Californie, des adeptes du “Tournant Karmique” se sont mis à manger de la viande de marcheurs pour renaître entiers.

Leur transformation se ferait progressivement, sans passage par la mort cérébrale ; ils sont plus forts, plus rapides et plus intelligents que les primo-Z, ils ont une vie sexuelle.

La mort est mondiale. 

Restez vigilants.
Restez en Vie.” 


Téléchargement libre (epub) :

Mise à jour : 2021


lundi 8 juillet 2013

Viro major* ("Plus grande qu'un homme”)

C’est normal, les gens du passé existent puisque ils ont existé, mais les gens du futur n’existent pas encore. Moi par exemple, je ne voyage que dans le passé car le futur n’existe pas.

La dernière fois, j’ai décidé d’aller voir la Commune. 1871, vous vous souvenez ?
Arrivée là, qui je vois dans mon prompteur ? Louise Michel en costume de garde national. Grosse sensation.
Je l’ai tout de suite embrassée sur la bouche, elle avait de la moustache et ça m’a chatouillée.
Louise Michel était un peu vénère -tenir une barricade génère une grande tension vous savez- donc elle m’a mis une baffe.

Enfin, elle a essayé devrais-je dire. La baffe s’est perdue dans l’histoire impossible puisque je n’existais pas. Je l’ai embrassée encore une ou deux fois même si je savais qu’elle avait des choses importantes à faire ; ce n’est pas tous les jours qu’on tombe sur Louise Michel... Même séparée d’elle par un champ magnétique de 130 années je sentais la puissance de sa personne ; sa colère, sa volonté, ses capacités de chambardement me bouleversaient. J’allais encore rentrer chez moi toute excitée.

Donc Louise était là devant moi à gueuler et à essayer de me mettre une gifle tandis que moi je lui disais : Louise, ne les laisse pas te juger, ne vas pas au bagne. Quelle femme ! Elle n’a pas écouté mes conseils -on n’écoute jamais les conseils de Cassandre du futur, c’est déjà dur de voir devant soi, on ne va pas s’amuser à scruter l’inexistant.

Finalement Louise était tellement dégoûtée qu’elle m’a envoyé un pruneau. Victor Hugo a tenté de prouver comme un gros macho qu’il est que Louise n’avait jamais tué personne pendant la Commune et qu’elle s’était accusée injustement, c’est faux je l’atteste. Elle ne m’a pas tuée mais elle m’a bien tiré dessus. Et si elle m’a loupée ce n’était vraiment pas sa faute.

Donc nous en étions là quand Beatriz Preciado a débarqué à son tour sur la barricade de Clignancourt. Ça m'a fait à peu près le même effet que lorsque tu marches toute la journée pour arriver sur un site retiré et que tu finis par tomber sur un car de touristes. Beatriz avait vieilli, elle devait venir de 2030 ou quelque chose comme ça et elle m’a prise pour Louise Michel sans doute car elle m’a aussitôt embrassée sur la bouche. Elle ne devait plus très bien y voir ou son géo-loc être en panne de batterie, bref peu importe, ça m’a vénère.
-Connasse, ai-je dit, ça te ferait mal de demander la permission ?!

Elle avait une langue pointue de caméléon qui m’avait coupé le souffle. Louise Michel était stupéfaite de voir tant de gouines à la fois -on aurait dit le Disneyland des gouines- et elle a appelé ses potes au secours.
-Voilà, j’ai dit à Beatriz, tout ça c’est de ta faute. Il faut toujours que tu viennes faire ta star dans le Temps.

Ni une ni deux, elle a sorti son sabre et me l’a passé à travers le cou. Le champ magnétique était de la crème pâtissière pour elle, du béton pour moi, pauvre 2013iste. Je n’ai pas eu le temps de riposter, je me suis abattue sur la barricade en criant :
-Adieu Louise ! Tu es un peu homophobe mais je te pardonne comme j’ai pardonné à Lola Riqueza du syndicat des travailleurs andalous SOC-SAT qui n’a pas répondu à mes avances... !

C'est drôle, dans le passé il n’y a que des gens célèbres. On dirait que les gens méconnus comme moi ont été inventés au 20ème siècle, dans le même élan qui a engendré la démocratisation de l’équitation et l’enseignement de masse. Mais cet équilibre est en train de se transformer. Grâce aux navigateurs et aux téléscripteurs quantiques il y a de plus en plus de voyageurs pour de moins en moins de célébrités.
Il va falloir apprendre à partager.


* Poème de Victor Hugo consacré à Louise Michel.

lundi 28 janvier 2013

Wendoline - remix


Elle arrive à larges enjambées malgré de hauts talons qui surprennent l'assistance. Lance un "salut" dépréoccupé de nord-américaine, se déchausse et pose une fesse sur la table d'école insulaire. C'est une Québecquoise au sourire facile et pragmatique.

-Alors... commence-t-elle. Tout le monde est dans une attente qui confine à l'inquiétude, “elle est très maquillée”, fait remarquer une quarantenaire à lunettes.
-J'm'appelle Mélanie et j'vos vous parler des coups...
En un éclair je suis assaillie par une vision death : elle va nous tendre de grosses carottes et nous apprendre à faire une pipe...
-C'qui fô bien comprindre c'est qu'y a trois types de coups sur terre... J'propeuse qu'on s'assoille et qu'on visuolise sans l'faire...

C'est un début de prise en main, on se sent portées vers quelque chose de bon et rassurées, chacune regarde autour d'elle comme un chien qui tourne pour se poser. Une fois à terre on a un regard de gratitude pour Mélanie. On a toutes mis des pantalons mous et de grosses chaussettes, on retire les bagues et les colliers : il y a des poésies collégiennes au mur et un grand souffle de vide enfantin autour de nous. Ils sont rentrés chez eux. On ne sent plus que ce grand vide balayé par les souffles d'air chaud et plus au fond, cachée au centre de chacune, la charge de violence intacte qui nous a réunies.

… il y o d'abord 1, les coups doux, puis 2, les coups durs... et 3 les coups mortels...

Qui sommes-nous ? Nous avons expliqué l'une après l'autre à Mélanie pourquoi nous sommes là. Nous avons eu peur, nous traversions la rue pour éviter la silhouette, nous enfermions les enfants dans la chambre, il nous serrait les tempes entre ses doigts, nous baissions la tête pour ne pas rencontrer le regard du butor, il nous prenait un doigt et le retournait, il tenait sa chaussure à deux mains, nous levions les mains et le poing joueur partait dans les côtes, il nous a baisées le lendemain, nous griffons l'air, nous lâchons l'arme, nos mains inhibées se détrempent, nous filons comme des proies affolées sur saturday night boulevard, notre peau bleuit sous les manches longues de la terreur.

… les coups doux sur le coude, au tibiô ou à l'aine vont laisser une trace réparable. Les coups durs sur une ôrticulation fragile des pieds ou des mains, contre la rate ou l'foie vont d'minder d'très longs souins. L'coup mortel sur l'artère ou aux timpes vous débarrasse d'un eunnemi armé ou très m'naçant qui en veut à vot' vie.

Nous sommes les Femmes. Nous sommes là par le fait de l'éducation. Nous avons été élevées dans l'idée de Sa force et nous lui déléguons notre protection. La violence est rentrée en nous et nous avons fermé la porte à clé, nous ne rendons pas les coups, nous sommes le sac du boxeur, nous sommes le miroir de l'armoire incassable, nous sommes le mot de trop dans la journée, le steak brûlé quand il ne fallait pas, la gouine de trop, la cause de tout...

… Premièr'mint, connaître les parties faibles du corps mosculin. C't inutile par exemple d'frapper aux bras, aux épaules ou aux cuisses. Deuzièm'mint, la conscience de c'te vulnérabilité. Personne n'est obligé d'tuer, mais l'simple fait d'savoir que vous l'pouvez change complèt'mint la perception qu'vous avez d'l'agresseur.

Nous nous appelons Lucie, Roseline, Béa, Marceline, Chérifa, c'est notre premier jour de stage. Nous apprenons les coups et nous les essayons sur un sac, nous découvrons notre force. La fleur vénéneuse que nous avions au fond du ventre s'entrouvre et grandit.

… la question est d'proj'ter dans l'coup la totalité d'énergie dont vous êtes capoble. J'prinds l'exemple où v'z allez taper dans un ventre. Ben dans c'cas c'est pas l'ventre qu'vous devez tenter d'atteindre dans vot'tête mais carrémint l'mur derrière l'adversaire. L'important c'te aussi d'savoir qu'l'adversaire n's'y attend point du tout. S'il agresse une femme c'est po par hasard, c'est parce que c'te un lâche.Y s'attend justmint à c'que vous vous soyez moins forte et qu'vous sachiez point vous défendre, sinon y l'attaqu'rait un homme. Donc en l'frappant pour d'vrai, vous portez d'jà un coup énorme à sa conscience...

À la fin de première la journée nos mains féminines brisent une planchette de pin de 2 centimètres. Nous avons accepté l'idée de faire mal et appris à ne pas nous faire mal. Le wendo est une pratique d'autodéfense pour femmes, il emprunte ses techniques les plus simples à plusieurs arts martiaux et consiste à briser les conditionnements qui transforment une femme en coussin. Son idéal est avant tout : éviter d'avoir à se battre.

… j'précise ben que c'que vous avez appris là doit rester confidentiel et s'cret. C'n'est point la guerre des sexes c'est la réponse à un état d'choses entre sexes...

Mélanie replie son matériel qui prendra avec elle la route de Tours, Paris ou Liège. Quand nous sortons du stage les hommes du saturday night boulevard sont déjà là avec leurs bras tatoués, ils ont tous un peu l'air d'agresseurs potentiels. Nous réapprenons à les voir avec notre nouveau corps, nous les regarderons demain un peu plus amicalement.

Nous finirons par les voir avec autant de sentiment qu'un lapin blanc, descendant comme les autres vers la mer avec un cœur adolescent de 17 ans.