samedi 25 juin 2011

Été

Je n'écris jamais en été.
Avant c'était l'inverse, c'était toujours l'été.
C'étaient de beaux étés. Je tirais le store sur l'avenue et je le basculais côté rue, comme en Andalousie. La chaleur était une amie contenue dehors, je laissais les deux rais de lumière courir de chaque côté du store jusqu'à moi, le parquet m'embarquait dans sa lueur de miel. C'étaient de très heureux étés.

Et puis j'ai arrêté. Je veux dire : je n'ai pas arrêté d'écrire l'été, j'ai arrêté tout court. Parce que je n'aime pas obéir. Et qu'à un moment, j'avais eu l'impression de ne plus m'obéir en écrivant. Ou d'obéir à une leçon défunte qui ne me regardait plus.

Et puis j'ai recommencé. S'il y avait des règles dans le plumage d'une existence ça se saurait.

Mais c'est fini. Je ne l'ai même pas décidé, j'en suis incapable. Et la raison, je le sais, aussi ridicule et présomptueuse qu'elle paraisse, c'est la certitude que ce j'écris est vrai. Cousu à l'envers du manteau réel peut-être, mais déjà en train de, sur le point de se réaliser.

La première fois c'était il y a quinze ans. Le téléphone sonne. Je m'entends dire à Valerio T., un ami logé juste en face de chez moi, que j'ai rêvé une chose à son sujet. Dans ce rêve qui n'est pas un rêve, Tina L. et lui ont deux enfants jumeaux portant tous deux un nom maya. J'entends son rire muet au bout de la ligne, nous raccrochons. Quelques jours plus tard, il me rappelle et me traite de sorcière. Il m'apprend que Tina L. était bien enceinte au moment de l'appel, ce que j'ignorais, et que l'échographie vient d'avoir lieu. Et ce qu'il n'avait même pas imaginé ou osé imaginer est là : deux gros bébés emmaillotés dans le ventre de Tina.

C'étaient à l'époque deux jeunes musiciens désargentés, la petite graine leur avait disons, échappé, et leur transformation soudaine en famille était sinon catastrophique, du moins embarrassante.
Avec la grâce et l'allant décomplexé qui étaient les leurs, Valerio et Tina se sont très bien tirés de leurs deux lascars. Ils leur ont donné des noms magiques et sont repartis au Mexique.

Ce que je ne leur ai pas dit, c'est que je n'avais jamais rêvé cela. Je l'avais écrit l'été précédent, dans le beau ventre musicien de Tina L.

L'été suivant je me suis mise à décrire un gros flocon blanc qui flottait au-dessus de la France. Ce flocon dérivait des Ardennes vers Paris, hésitant sur la direction à prendre, quand il tomba sur une amie chère. Elle alla s'allonger sur une table, elle était nue dans l'univers, de gros yeux de verre découvraient le flocon de Cendrillon niché en elle et ils disaient que c'était une tumeur de neige.
La neige s'est emparée de son sein, de son foie, elle a creusé une zone blanche dans son cerveau, elle a brûlé le monde entier et emporté avec elle les derniers vestiges de notre jeunesse.

À l'arrivée de l'été, un store descend sur mes yeux. 
 
Je suis toujours au seuil d'une histoire qui me revient d'année en année. C'est un peuple de survivants sans descendance progressant de siècle en siècle de l'Amérique du Nord vers le sud du Brésil, en quête d'une terre où n'existeraient ni guerres, ni mort ni maladie. À chaque fois le store tombe, avec un bruit sec, je ne l'écrirai pas.
Je laisse m'échapper cette migration, qui ne s'arrête jamais.

lundi 13 juin 2011

Love song dans les quartiers

J'ai toujours rêvé de coucher avec une femme de la CGT.

La CGT je l'ai fantasmée pendant toute ma jeunesse avec ses vendeuses d'Huma, ses voix de râleuses et de fumeuses de brunes, ses pasionarias aux seins lourds. Je pensais que mes rêves s'appelaient Mathilde de la Mole, Emma Bovary, Anna Karénine, en vérité je fantasmais sur les dépoitraillées de la Commune, les insurgées de Tréfimétaux, les déléguées CGT de Lip en tête de la grande marche de Besançon. Chaque fois que je vois Marie-Georges Buffet j'y repense, Laguillier n'a jamais rien ému en moi, le trotskisme c'est grincheux, c'est pincé comme déclinaison, rien à voir avec cette chienne insurrectionnelle qui s'empare de ses chiots pour les jeter dans un cortège. Si la rouge Carmen et ses ardentes cigarières avaient été d'un syndicat, c'était la CGT, pour sûr.

En octobre dernier, pendant cette courte poussée de fièvre allumée par le saccage des retraites, j'ai flairé son souffle de chienne. Il faisait doux encore, l'automne grévait sur nos pas, c'était la première fois qu'on se retrouvait si durablement dans la rue.  Il y avait des explosions de rose curaçao en bas de la Canebière, des appels nocturnes à se rendre à l'aéroport, au terminal pétrolier, à zigzaguer autour des camions de livraison enlisés par une foule calme. On ne croyait à rien, simplement à ce reflet d'existence. Ils et plus rarement elles tenaient les micros jusqu'à plus d'heure après les manifs ; à la poste, devant Monoprix, on voyait des femmes enroulées par le mistral dans de grands drapeaux rouge. Un cégétisme pulsionnel soufflait sur nous : les chairs ensanglantées de la Carla Greta Teron venaient de se rouvrir.

El Fiord, 1969.
Nous sommes juchées sur un bloc de béton. Sous nos yeux une barricade légère, tenue par quelques cheminots. Ils bloquent la gare routière et nous sommes en renfort.
Il y a F. de SUD Éduc, une habituée de SUD Santé, et debout sur la dalle une inconnue qui évoque avec émotion les 87 navires bloqués en rade de Fos.
Je suis allée les voir aussi, ces silhouettes en peine giflées par le mistral devant les môles fermés. Tant pis pour elles. Le vent se calme, la nuit descend, je m'allonge sur le béton qui a conservé la chaleur du jour, je me mets à raconter l'accouchement de la CGT...

Elle s'appelle Carla Greta Teron et son époux El Loco Rodriguez. Il est armé d'un fouet et surveille les chairs de la parturiente, desquelles rien ne surgit. Quelque chose ne va pas, l'enfant refuse de sortir, il est en train de déchirer la tirelire rose de la Carla qui se tortille sous les coups de fouet du Loco. Finalement d'un ultime effort elle projette une gerbe fécale sous laquelle pointe une tête d'œuf conique, suivie de deux yeux d'une incommensurable tristesse. C'est Atilio Tancredo Vacán (le Muet.) On lui incrustera un drapeau dans l'épaule avant de sortir manifester...

L'inconnue a suivi mon récit sans plainte, nous ne sommes plus que deux sur la dalle. En bas, une traverse de rail fumigène bleuit la nuit. Elle a roulé son drapeau de la CGT et s'en est fait un oreiller. J'écoute les noms de destinations égrenées par le haut-parleur de la gare, je m'aperçois que j'ignore le sien.

Le récit maléficieux de l'accouchement maudit de la Carla G. T. est celui de Lamborghini, Argentin fêlé au style oxhydrique qui a traqué la famille péroniste dans les recoins les plus boueux de la mémoire argentine. Le fjord : une sorte de naissance de Chronos II où la CGT ne parvient pas à accoucher de l'histoire, dans un cycle de copulations familiales sans issue.
J'ajoute : à la fin ils se sont jetés sur le Loco Rodriguez et l'ont dévoré. Ses couilles sont des anneaux de verre brisés sur le sol.
Elle me propose de partager l'oreiller de la CGT. Je repose ma tête avec ferveur, j'écoute les cris du soir, le visage caressé par la brise de ses cheveux.

Puis ce qui se passe passe comme un rêve. Sa bouche vient annoncer quelque chose dans la buée de mon cou, ses mains me réchauffent, je glisse comme une sole dans la surprise.

À vingt-deux heures la place est vide. Les navettes ont repris leur trafic, les trains continuent d'embarquer pour Toulouse, Albi, Avignon, Rennes. Je me recouvre en frissonnant quand j'avise un autocollant bleu-jaune-rouge à son bras:
-Tu n'es pas de la CGT ?
Elle répond non, du Snes. 
Et ajoute : mais “Émancipation”* hein...

J'ai toujours rêvé de coucher avec une femme de la CGT.


* Le SNES-FSU est le syndicat majoritaire de l'Éducation nationale. Il a adopté des positions tièdes voire attentistes pendant les mobilisations de septembre-octobre 2010. La tendance “Émancipation” défend une démarche d'initiative commune avec les syndicats de lutte contre les dérives de sa direction nationale.

samedi 4 juin 2011

Wendoline

Elle arrive à larges enjambées malgré de hauts talons qui surprennent l'assistance. Lance un "salut" dépréoccupé de nord-américaine, se déchausse et pose une fesse sur la table d'école insulaire. C'est une Québecquoise au sourire facile et pragmatique.

-Alors... commence-t-elle. Tout le monde est dans une attente qui confine à l'inquiétude, “elle est très maquillée”, fait remarquer une quarantenaire à lunettes.
-J'm'appelle Mélanie et j'vos vous parler des coups...
En un éclair je suis assaillie par une vision death : elle va nous tendre de grosses carottes et nous apprendre à faire une pipe...
-C'qui fô bien comprindre c'est qu'y a trois types de coups sur terre... J'propeuse qu'on s'assoille et qu'on visuolise sans l'faire...

C'est un début de prise en main, on se sent portées vers quelque chose de bon et rassurées, chacune regarde autour d'elle comme un chien qui tourne pour se poser. Une fois à terre on a un regard de gratitude pour Mélanie. On a toutes mis des pantalons mous et de grosses chaussettes, on retire les bagues et les colliers : il y a des poésies collégiennes au mur et un grand souffle de vide enfantin autour de nous. Ils sont rentrés chez eux. On ne sent plus que ce grand vide balayé par les souffles d'air chaud et plus au fond, cachée au centre de chacune, la charge de violence intacte qui nous a réunies.

il y o d'abord 1, les coups doux, puis 2, les coups durs... et 3 les coups mortels...

Qui sommes-nous ? Nous avons expliqué l'une après l'autre à Mélanie pourquoi nous sommes là. Nous avons eu peur, nous traversions la rue pour éviter la silhouette, nous enfermions les enfants dans la chambre, il nous serrait les tempes entre ses doigts, nous baissions la tête pour ne pas rencontrer le regard du butor, il nous prenait un doigt et le retournait, il tenait sa chaussure à deux mains, nous levions les mains et le poing joueur partait dans les côtes, il nous a baisées le lendemain, nous griffons l'air, nous lâchons l'arme, nos mains inhibées se détrempent, nous filons comme des proies affolées sur saturday night boulevard, notre peau bleuit sous les manches longues de la terreur.

les coups doux sur le coude, au tibiô ou à l'aine vont laisser une trace réparable. Les coups durs sur une ôrticulation fragile des pieds ou des mains, contre la rate ou l'foie vont d'minder d'très longs souins. L'coup mortel sur l'artère ou aux timpes vous débarrasse d'un eunnemi armé ou très m'naçant qui en veut à vot' vie.

Nous sommes les Femmes. Nous sommes là par le fait de l'éducation. Nous avons été élevées dans l'idée de Sa force et nous lui déléguons notre protection. La violence est rentrée en nous et nous avons fermé la porte à clé, nous ne rendons pas les coups, nous sommes le sac du boxeur, nous sommes le miroir de l'armoire incassable, nous sommes le mot de trop dans la journée, le steak brûlé quand il ne fallait pas, la gouine de trop, la cause de tout, un trou sans fond.

Premièr'mint, connaître les parties faibles du corps mosculin. C't inutile par exemple d'frapper aux bras, aux épaules ou aux cuisses. Deuzièm'mint, la conscience de c'te vulnérabilité. Personne n'est obligé d'tuer, mais l'simple fait d'savoir que vous l'pouvez change complèt'mint la perception qu'vous avez d'l'agresseur.

Nous nous appelons Lucie, Roseline, Béa, Marceline, Chérifa, c'est notre premier jour de stage. Nous apprenons les coups et nous les essayons sur un sac, nous découvrons notre force. La fleur vénéneuse que nous avions au fond du ventre s'entrouvre et grandit, elle se fraye un chemin libérateur vers nos bras et nos pieds, elle parvient à l'air libre.

la question est d'proj'ter dans l'coup la totalité d'énergie dont vous êtes capoble. J'prinds l'exemple où v'z allez taper dans un ventre. Ben dans c'cas c'est pas l'ventre qu'vous devez tenter d'atteindre dans vot'tête mais carrémint l'mur derrière l'adversaire. L'important c'te aussi d'savoir qu'l'adversaire n's'y attend point du tout. S'il agresse une femme c'est po par hasard, c'est parce que c'te un lâche.Y s'attend justmint à c'que vous vous soyez moins forte et qu'vous sachiez point vous défendre, sinon y l'attaqu'rait un homme. Donc en l'frappant pour d'vrai, vous portez d'jà un coup énorme à sa conscience...

À la fin de première la journée nos mains féminines brisent une planchette de pin de 2 centimètres. Nous avons accepté l'idée de faire mal et appris à ne pas nous faire mal. Le wendo est une pratique d'autodéfense pour femmes, il emprunte ses techniques les plus simples à plusieurs arts martiaux et consiste à briser les conditionnements qui font d'une femme un coussin. Son idéal est avant tout : éviter d'avoir à se battre.

j'précise ben que c'que vous avez appris là doit rester confidentiel et s'cret. C'n'est point la guerre des sexes c'est la réponse à un état d'choses entre sexes...

Mélanie replie son matériel qui prendra avec elle la route de Tours, Paris ou Liège. Quand nous sortons du stage les hommes du saturday night boulevard sont déjà là avec leurs bras tatoués et dévêtus, ils ont tous un peu l'air d'agresseurs potentiels. Nous réapprenons à les voir avec notre nouveau corps, nous les regarderons demain un peu plus amicalement.

Nous finirons par les voir avec autant de sentiment qu'un lapin blanc, descendant parmi tous et toutes vers la mer, avec un cœur adolescent de 17 ans.

[Merci à S. R. pour son témoignage]

jeudi 2 juin 2011

Who êtes-vous ?


Une fois n'est pas coutume, un peu de réactivité.
Depuis quelques temps, je relis régulièrement mon journal de consultations avec une perplexité fascinée.
Dans mon journal il y a vos pays, vos systèmes, vos voies d'entrée mais aussi vos mots-clés.
Et ils sont parfois tellement étonnants que j'ai tenté de refaire le chemin depuis eux jusqu'à moi, la plupart du temps vainement. Comment donc êtes-vous arrivé-es chez moi, d'Iran, du Portugal ou de Chine, sans aucun intérêt pour les horreurs que je raconte ?
Je me dis que le web est l'endroit idéal pour trouver ce qu'on ne cherche pas. En tapant “don du corps à la science” comme vous l'avez fait, madame ou monsieur altruiste, je dois aller à la 6ème page de résultats de votre moteur de recherche préféré pour tomber sur “negroticon. Je fais don de mon corps à la science”, lequel n'a rien à voir avec la science à part peut-être les composés chimiques entre corps féminins. Vilain, vilaine. Comment diable as-tu cheminé  jusqu'à cette 6ème page ?

"Auto-sodomie© google.fr

Le journal des requêtes, c'est d'une certaine façon découvrir comment google fonctionne ou plutôt ne fonctionne pas, en fonction de règles totalement aléatoires et poétiques elles-mêmes compliquées par toute sorte de maniements approximatifs.  Sachant que les maniements étranges seront toujours un degré en dessous des usages bien plus hasardeux que google fait de vos keywords et des miens. Si par exemple vous tapez “lesbienne + forum”, vous n'avez aucune chance de me trouver avant je ne sais combien de pages. Mais si bien plus plus astucieusement vous tapez “carrosserie de la Calade”, vous me trouverez très vite en bas d'écran, comme vous l'avez fait, madame ou monsieur, tandis qu'on vous proposait toute sorte d'informations carrossières pertinentes à la Calade.
Pourquoi ? Pourquoi en ce cas avoir choisi "Leïla San Juan de la Calade nue dans la salle de bain au 12ème étage" plutôt que "carrosserie-auto-toutes-marques-la-Calade" ?

"Cyclothymie et vérité© google.fr

Inversement, vous avez écrit, madame ou mademoiselle : quand on devient lesbienne c'est qu'on a déjà avec ou pas”. Très mauvais : google ne parle pas le langage naturel, il ne répond pas aux questions et n'est pas censé comprendre les non-dits (c'est “qu'on a déjà” quoi ?) Pourtant, vous me trouvez vous aussi en première page, 7ème position. Je ne réponds pas à la question de savoir “quand” et à quel moment précis, mais je m'efforcerai un jour d'y répondre, je répondrai à toutes ces questions qui ne m'étaient pas destinées, qui se sont perdues peut-être ou retrouvées ailleurs après avoir effleuré mon rivage. Un : on devient lesbienne quand on fréquente des lesbiennes. Deux : laisser approcher une lesbienne augmente fortement le risque de devenir lesbienne. Trois. On ne m'a pas demandé où et à partir de quelle distance donc je ne dirai pas à combien de centimètres mais je sens que ce que je dis est vrai. Entre 10 et zéro centimètres vous êtes cuite.

"Comment sodomiser femelle labrador ?" © google.fr

Bonne question. Comment ? Déjà disposer d'une femelle labrador. Si vous faites la recherche sur google vous obtenez très vite une réponse de 30 millions d'amis vous orientant sur des annonces d'adoption (www.30millionsdamis.fr/.../tous-les-chiens-et-les-chiennes-de-race-labrador-a-adopter.html). Néanmoins, et pour assurer le bien-être de cette charmante animale à qui vous ne souhaitez ni jouer du piano, ni lire des romans, il vaudrait peut-être mieux la louer ou l'emprunter. Je reviendrai sur cette question. Elle me trouble. Elle dénote un certaine délicatesse mais aussi un réel manque d'expérience. Je ne comprends pas comment cette question vous a mené(e) ici, sur ce blog, où l'on pencherait plutôt pour la sodomie des mâles.

"Poitrines lesbiennes toutes tailles et tous âges" © google.fr

Pute de Mornas”, c'est la requête que vous m'avez envoyée deux fois à quelques semaines d'intervalle. Mais je suis désolée. Non. Ce n'est pas moi. 
Ce faisant vous m'avez révélé un étrange cas qui ne laisse pas de m'intriguer.
Je passe régulièrement devant Mornas, j'ai souvent eu envie de m'arrêter à Mornas. Je suis sûre que je ne suis pas la seule. Quand on franchit Mornas à 130 à l'heure sur l'A7 on est saisi par une irrésistible envie de s'arrêter. Mornas est à portée d'yeux : la citadelle en haut, on ne peut pas la manquer, c'est la silhouette de tous tes châteaux d'Espagne juchée sur une falaise à se jeter, avec au pied de la falaise une rue principale unique longée de platanes, un clocher, une chapelle, un bar du coin, des terrasses qui font envie.

Voudrait plaire à une femme musclée ayant pour projet de lire des romans”

L'étrange chose c'est qu'il y a pour Mornas Vaucluse, 2500 habitants au plus, une page entière de rencontres lesbiennes remplie de 103 annonces de femmes allant de 18 à 54 ans. Elles s'appellent Joséphine, Philomène, Clélia, Eve, Maud, Maroua, Abigail, Lorette, Oumaima, Chjara, Stacy, Fatou, Jade, Chimène, Alizée, Sixtine, Gwendoline, Lenaig, Tesnim, Lolita, elles sont douces, masculines, féminines, vénérant la couture, hallucinées par les chats persans, émerveillées par les voitures italiennes, elles veulent rencontrer femmes pour mutuelle, femmes pour construire bel avenir, femmes pour tirer des photos sur internet, femme à poil pour lire des romans, femmes pour goûter au toucher délicat d'une femme, femmes ayant un beau sexe déterminée à rire à deux, femmes poilues ambitionnant de recevoir une féminine tendresse...
Il se passe quelque chose à Mornas. Supposons qu'on y fasse un peu d'enfants et qu'il y ait pour 2400 habitants 800 femmes et 800 hommes adultes + 800 mineur-es et/ou + de 60 ans, comment 103 lesbiennes esseulées de 18 à 53 ans ne parviennent-elles pas à se rencontrer ? Réponse dans le texte. Il y a, c'est sûr, au moins une lesbienne hallucinée et -nante à Mornas...

Poème microclimatique de Mornas
Poème microclimatique de Mornas

"A mené la lumière de maïs"© google.fr


Je l'avais gardée pour la fin, celle-ci, avec sa fleur de tréma sibylline. Je ne saurai jamais ce qu'elle voulait dire, nouvelle fête du calendrier lesbotique ou néo-babélien.
Je pense à toi aussi, qui apparais en lien direct de T***, Arabie Saoudite, j'espère que tu prends soin de toi.


La prochaine fois, c'est sûr, je m'arrête à Mornas.
(Son hôtel du Manoir, sa Forteresse, sa Sirène...)