1.
Prenez une cloison légère type hlm, percez-y à hauteur de ceinture
un trou de 7 cm de diamètre environ : ceci s'appelle un glory hole.
Penchez-vous sur le trou avec un air de mystère. Qu'en sortira-t-il
? Qu'adviendra-t-il de nous ? Pleuvra-t-il demain ? Où en es-tu de
ta méditation historique ?
2.
Choisissez un godemiché si possible souple, de la taille et de la
coloration de votre choix (une teinte sombre a plus de chance de
tromper le regard). Vous y aurez préalablement creusé, au moyen
d'une aiguille à tricoter légèrement chauffée, un canal
longitudinal allant de la base au prépuce dans lequel vous aurez
inséré un tube flexible relié à une poire à lavement remplie
d'on ne sait quoi (de l'encre, du sang, de l'eau de vie, un banal
shampoing recolorisé peut déceler une certaine dose d'entrain
parodique).
3.
Installez la caméra à distance respectable (pour vous donner un
minimum d'espace de jeu), vérifiez le cadrage et lancez
l'enregistrement.
Vous
pourrez embaucher une complice pour tenir le godemiché de l'autre
côté de la cloison, le faire saillir tout doucement, se cabrer ou
frétiller d'aise selon les besoins de l'action. Si vous n'avez pas
de complice fixez-le à la cloison et ça fera aussi bien l'affaire.
4.
Vous allez vous livrer avec la pièce à un savant jeu de caresses,
de chiquenaudes, de déclamations politiques et/ou de succions
destinées à donner l'illusion du vivant. Selon vos ambitions, vous
pouvez décider ou non de vous livrer à un flirt plus poussé avec
l'objet, l'accueillir entre vos cuisses, le rejeter, l'engager plus
avant si vous le sentez, face au mur, dos au mur, entre vos seins,
sous les aisselles, selon votre bon plaisir. C'est à vous de décider
de la douceur ou de la violence de l'assaut : surtout ne jamais
consulter que votre désir.
Vous
pouvez également, au fur et à mesure de votre fièvre
chorégraphique, libérer quelques gouttes de l'exsudat contenu par
la poire (une pression suffit), vous en barbouiller le visage ou les
cuisses ou bien le recueillir dans un verre à pied ou à whisky.
5.
Si un noir liquide vous explose à la gueule, vous avez toutes les
chances d'obtenir un effet de comique dysjonctif. Rose si c'est un
opus queer zone, vert si vous avez une commande de l'office du
développement durable, et si c'est rouge, n'hésitez surtout pas à
afficher vos convictions révolutionnaires : “L'artiste
c'est l'explorateur, celui qui va dans la zone rouge et en ramène
des infos.” Ou pourquoi pas “Non aux violences conjugales”
s'affichant en bas de l'écran. Plus commun ? Tout est possible.
J'ai
vu ce film banal et bon marché. Il ressemblait à toutes les
scènes glory hole de la création sauf qu'il distillait, au fur et à
mesure de son déroulement, un doute. Un objet inanimé risque
toujours de dénoncer au regard attentif sa véritable nature. Tout
est affaire de conviction. Nous sommes tout à fait prompts à croire
que de l'autre côté d'une queue et d'une cloison il y a -forcément
et nécessairement- un homme. D'ailleurs il y a toujours et la
plupart du temps : un homme (à supposer que l'on sache bien au juste
ce qu'est un “homme”). Sauf que l'absence d'homme voire de corps
produit au fond la même scène -avec un minimum de talent : il y a
toujours ce que l'on veut qu'il y ait. Qu'est-ce qu'un homme (sans
majuscule) : ce qu'il y a au bout d'une queue ? (soit au choix :
rien, 8 siècles de propagande hétérocultuelle, une femm, un ôm, une poire à
lavement).
Il
y a de l'homme sans homme, de la queue sans homme, de l'éjaculat
sans homme, du coït entre la feuille et le caillou, du corporel sans
corps. Il y a autant de croyance chez Dreyer que dans PorniX
diffusion Paris 10ème, la religion sexuelle se fiche des
corps. Faites-en ce que vous voulez, rhaaaaa.
Revenez-y
le 77ème jour, le ventre gonflé comme un wagon.
Accouchez de l'histoire, d'une scie, d'une harpe, d'un hyène
tachetée comme les chèvres de Laban. Penchez vous sur le glory hole
de votre fécondité auteuriste, mettez-y de
la micropolitique, du Bach, de l'Ubu reine, du drama queen et
recevez de nouveau un seau de peinture dans la tronche : le x n'a
aucune espèce de limite conceptuelle. Un peu comme Pinocchio*
ou l'Odyssée* : c'est le récit sur lequel on peut tout
écrire.
*
Je songe à moi (!)
http://negroticon.blogspot.com/2011_05_01_archive.html
PS : Toute production visuelle est évidemment la bienvenue...
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PS : Toute production visuelle est évidemment la bienvenue...
http://vimeo.com/10601846
RépondreSupprimerune vidéo créative :)