dimanche 27 mars 2011

Seconde lumière


Il pleut, le vent souffle, humeur morose sur le forum. Ce matin à 10 heures 21, heure d'été, je me suis fait prendre par une araignée géante sur Second life.

Elle est d'un bleu métallique, cachée derrière le rideau de sa toile qui sert d'interface, un peu comme une cascade. Vous cliquez sur un ballon rose, vous répondez "oui" à “voulez-vous que ?", un cri retentit (le vôtre ?). La toile vous happe, vous écartèle bras et jambes, l'araignée se plaque contre votre dos, elle dénude votre poitrine et referme ses 3 + 3 pattes sur votre torse assujetti : son phallus mauve éclot comme un boa hors de sa cage, remonte entre les cuisses, pénètre vos chairs et se met en action. 
Andromède et le monstre des mers.

On peut se faire baiser par toute sorte d'animations préprogrammées et d'avatars humanoguidés sur Second life. Au fond on se fait toujours baiser par un script, et derrière ce script, par un être humain.
J'ai ressenti des choses irréelles réelles bien avant que l'araignée ne lâche son grand panache de joie radioactive et ne se remette au travail...

La plage nudiste est fréquentée par des avatars animés d'intentions sexuelles diverses et plus ou moins inavouées, mais tous et toutes dans leur immense majorité ont adopté le script hétérosocial en vigueur : mecs surmusclés et surmembrés, filles en lingerie sexy rebondissant dans le sable sur leurs talons de barbie. Je me suis fait un avatar aphromodulable, gros seins, bonnes fesses, membres vigoureux et tignasse indécidable, aucun decorandum colifichette mais une attention contrastée aux mélanges de couleurs (être visible). 

J'attire les poupées barbies dans un coin, je leur demande si elles veulent baiser une femme. Toutes barbiedolls, même celles qui se touchent sur les sofas feutrés du lesbian lounge. Elles répondent bien souvent “never done it with a woman" mais ne disent pas non. De fil en aiguille, tout en douceur, je m'appuie contre un mur, je leur demande de s'approcher, je leur révèle la branche maîtresse d'un Sarah Nerd's cock érigé ©. 

Je pourrais cliquer sur un ballon bleu nous permettant sans grand effort pour elles et pour moi de me mettre à la place du mâle et de les fourrer comme un âne. Mais ce n'est pas mon but. Ce n'est pas mon envie. Je veux qu'elles me prennent. Je veux que des femmes s'autorisent à me plier contre elles. La vierge Roumaine Eustasia Anafari finit par me le concéder : “yes, but I don't have any cock." Je fais “partager mon inventaire avec Eustasia" et je lui propose un choix de queues de la plus timide à la plus trapue. Elle choisit l'Énorme, me plaque contre le mur, clique sur le ballon bleu et me pénètre.

Elle a bien choisi l'animation, un set sans pornochichis qui varie les rythmes et les temps d'action (ressort doucement, happe un sein, rerentre avec un heurt). On ne sait jamais vraiment ce qui se passe pour l'autre à ce même moment, l'autre réel devant son écran (et non derrière comme on l'écrit improprement), c'est une des questions, un des charmes. J'en finis assez vite après la lente montée qui m'a conduite jusqu'à ce mur, elle non. Elle m'entraîne dans une pièce grillagée : je la laisse avec mon avatar finir ce qu'elle a si bien commencé...

Dira-t-elle ou pensera-t-elle quelque part en retouchant son lipstick roumani : “aujourd'hui à 10 heures 21, heure d'été, j'ai fourré une femme avec un sexe d'homme ?"
La pluie cesse, les voix des vivants remontent du port caressées par le shunt des pneus sur la chaussée mouillée ; je vais sortir et les croiser d'un air étrange, andromédien, comme si là aussi le monde pouvait se renverser soudain.

Guerre en Libye. Hémorragie nucléaire au Japon. Sur le forum, B11 me poursuit de ses obstinations polémiques, tout va bien ; j'apprends à me taire, heure d'été.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire